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Adrien Michel x Hasselblad X1D II : photographier pendant le confinement12 minutes de lecture

Adrien Michel x Hasselblad X1D II : photographier pendant le confinement<span class="wtr-time-wrap block after-title"><span class="wtr-time-number">12</span> minutes de lecture</span>

J’ai eu la chance de pouvoir discuter par téléphone avec Adrien Michel, photographe officiel Hasselblad au sujet d’une série photo qu’il a réalisé lors du second confinement. Vous y découvrirez ses contraintes, son matériel mais aussi comment il a vécu les périodes de confinement 2020 en tant que photographe. Une véritable source d’inspiration qui propose un travail de qualité avec une recherche de cadrage millimétrée.

Strasbourg par Adrien Michel photographe Hasselblad

L’interview d’Adrien Michel photographe officiel Hasselblad

Bonjour Adrien, peux-tu te présenter et nous expliquer ta passion pour la photographie ? Quelles sont tes spécialités et tes inspirations ?

Je suis Adrien Michel, je suis photographe professionnel sous le nom de Madri depuis un peu plus de 7 ans maintenant. Je fais particulièrement de la photographie d’architecture par passion, même si je ne fais pas que ça, je fais aussi du paysage et de la photographie de mariage.

Mes inspirations ne sont pas forcément chez les photographes, même s’il y a des photographes que j’adore comme Andreas Gursky qui est Allemand, mais aussi des français comme Yves Marchand et Romain Meffre. Leur travail est sublime, malgré tout, mes inspirations sont principalement cinématographiques et géométriques. Ce dernier point est certainement dû au fait que je suis un ancien ingénieur en électronique, donc je suis plutôt cartésien comme mec. La géométrie, les angles droits, les lignes bien verticales cela me parle et me plaît.

Du côté matériel, même si ce n’est pas le sujet aujourd’hui, peux-tu nous dire ce que tu utilises que ce soit en numérique mais aussi en argentique ?

Du côté matériel j’utilise pas mal de choses différentes, je ne suis pas fermé à une marque. Je suis Nikoniste depuis des années, tout simplement car mon papa utilisait des appareils Nikon. Une fois que je me suis mis à la photo, mon premier boitier était un Nikon ainsi je pouvais lui piquer ses objectifs. Après avoir acheté plusieurs de mes optiques, j’ai constitué un parc optique ce qui m’a fait rester chez Nikon. Je suis passé chez Fujifilm pour de la photographie de reportage avant de revenir chez Nikon et enfin en 2015, j’ai la chance de devenir photographe pour la marque Hasselblad. A partir de ce moment j’ai donc eu des boitiers Hasselblad entre les mains en commençant par un H5D 50C et aujourd’hui j’ai un Hasselblad X1D II 50C depuis très peu, acheté chez studioSPORT.

Du côté de l’argentique, j’ai trois boitiers, uniquement des moyens formats car pour moi l’idée de l’argentique, au delà du plaisir de l’argentique, c’est de pouvoir accéder à des formats auxquelles je n’ai pas accès en numérique. Faire du 24×36 argentique ne m’a jamais trop parlé, puisque je me dis que le plein format est accessible désormais en numérique. J’ai donc deux boitiers 6×6, un vieux Hasselblad SWC de 1966 pour lequel on ne peut pas changer l’optique super grand-angle 38mm et un Mamiya 6 télémétrique qui est parfait pour le reportage et le voyage. En plus de ces deux boitiers j’ai un 6×9 de chez Fujifilm, lui aussi télémétrique et avec des objectifs interchangeables. Ce sont des boitiers que j’utilise assez souvent, j’aime beaucoup les utiliser car j’apprécie le fait de pouvoir cadrer au format final. Je recadre très peu en post-prod, j’aime que le cadrage que j’ai fait soit le vrai cadrage. Se projeter sur un format différent de celui du viseur que j’ai est pour moi très compliqué, par exemple si j’utilise un appareil avec viseur 2:3 alors je ne pense pas à faire du carré. Ce sont donc les boitiers 6×6 qui m’ont fait découvrir et aimer cadrer en carré. D’ailleurs c’est quelque chose que j’adore dans le Hasselblad X1D II, c’est de pouvoir choisir un format directement dans le viseur pour cadrer au format carré, 4:3, XPan …

Le sujet de cet interview est le projet que tu as mené lors du confinement en partenariat avec Hasselblad, peux-tu nous l’expliquer, notamment ses contraintes particulières ?

L’idée derrière tout ça est que j’avais mon Hasselblad H5D à ce moment là, mais j’avais envie de le revendre notamment suite aux sorties des X1D et X1D II. A côté de cela je suis passé au Nikon Z6 qui est un plein format hybride, donc avec un viseur électronique que j’ai appris à aimer. La combinaison de ces deux éléments m’a fait réfléchir à propos de mon H5D qui était lourd et encombrant ; autant passer au X1D II qui est équipé du même capteur, de la même définition couplés à un nouveau processeur et à un viseur électronique. J’avais donc envie d’essayer le X1D II afin d’être sûr de mon achat puisque ce n’est pas un achat anodin, j’ai donc fait marcher mes contacts. Après avoir consulté Charles Ricque de Hasselblad France, il m’a proposé de l’essayer en contrepartie de quelques images.

Dans ma tête je voyais que le confinement allait arriver, c’était pas clairement annoncé mais ça arrivait. J’ai donc hésité à le prendre à ce moment, puis je me suis lancé pour un projet spécial confinement. Sans réelle idée au début, c’est une fois les consignes annoncées que j’ai pu imaginer ce projet 1h, 1km. En effet, pour la promenade de santé, c’était cela qui était autorisé. Certes, en tant que professionnel j’avais le droit de faire des photos hors de ce cadre lorsque j’étais sous contrat, mais pour les photos personnelles c’était à 1km de chez moi pendant 1h. Moi qui suis photographe d’architecture, je ne me suis jamais vraiment intéressé à mon quartier et à ma ville. Cela tout simplement car je suis plutôt attiré par la nouveauté, pas forcément que ce soit mieux, mais lorsque l’on vit quelque part, de mon point de vue, on ne fait plus attention à ce qui nous entoure. A côté de cela, quand je découvre un nouveau lieu, je suis le premier à courir dans tous les sens pour visiter et découvrir.

Néanmoins en y réfléchissant je me suis dit que j’avais pas mal de bâtiments avec de l’architecture moderne autour de chez moi, donc il fallait que je respecte les règles tout en profitant du quartier autour de chez moi. Chance inouïe lors de ce confinement n°2 j’ai eu une météo plutôt chouette pour un mois de novembre avec des journées solaires. De plus, la période faisait que j’ai pu avoir des levers et des couchers de soleil permettant de varier un maximum les ambiances. Et malgré que certains bâtiments reviennent plusieurs fois du fait de la limitation des 1km, j’ai pu varier les points de vues et me forcer à trouver d’autres idées. C’était une expérience intéressante qui au final donna naissance à cette série 1h 1km qui est une série d’archi photographiée autour de chez moi.

Tu nous dis avoir utilisé le tout dernier Hasselblad X1D II, qu’a-t-il apporté à ton travail ? Sans rentrer dans tous les détails, peux-tu nous dire ce qui te plaît dans ce boitier ?

Comme je le disais tout à l’heure, j’ai apprécié le fait de pouvoir recadrer directement depuis le viseur, notamment au format XPan. En effet, je n’ai jamais eu les moyens de m’offrir un Hasselblad XPan argentique sachant que son prix est de plus de 3000€ le boitier, ça fait réfléchir. On me dira, « oui mais tu peux recadrer en post-production des images au format XPan 65×24 » mais encore une fois c’est du recadrage, mon œil ne fonctionne pas comme ça, je n’arrive pas à me projeter.

Un autre aspect qui m’a plu, c’est le fait d’avoir un moyen format vraiment léger et passe partout. Le viseur est excellent, il n’a vraiment pas à rougir d’autres viseurs, même face à celui du Nikon Z6 qui, je pense, est le meilleure viseur électronique. L’écran arrière est lui aussi très très bon.

Enfin, ce qui me plaît dans une moyen format, avant le fait que le boitier soit sympa, qu’il ait une bonne prise en mains et pleins d’autres choses qui ont déjà été dites, moi ce que j’adore c’est le rendu des images. En rentrant à la maison on regarde nos fichiers et on comprend de suite ce qu’est un capteur moyen format. Lorsqu’on voit la qualité des images, le piqué et les couleurs, c’est vraiment mon plaisir quand je shoote avec ce boitier là.

Qu’as-tu pensé de ce projet, finalement les limites d’un kilomètre et d’une heure étaient-elles des freins ?

Pas du tout, je suis plutôt quelqu’un adepte des contraintes, cela me force à être créatif et proposer des images différentes. Par exemple, je fais des photos de mariage et dans 90% du temps j’utilise un objectif fixe de 35mm. Cela m’empêche donc de faire certaines photos mais me permet de proposer des photos plus intéressantes, moins vues et revues.

Je ne suis pas très adepte des zooms, le seul que j’ai est un 14-24 mais il est volontairement bloqué à 14mm.

As-tu des conseils à donner à tous les photographes frustrés par ces périodes de confinement qui se succèdent ?

Honnêtement, en tant que photographe j’ai assez mal vécu le premier confinement. Je sortais d’une année 2019-2020 qui a été assez dingue en terme de voyage, ça faisait 14 mois que je faisais un voyage tous les mois, donc d’un coup cette lancée à été cassée par le confinement. Donc le premier confinement je n’étais pas dans un état d’esprit incroyable, ce qui fait que pendant quasiment deux mois je n’ai pas fait de photos. J’ai vu pas mal de photographes faire des séries de photos liées au confinement sur les réseaux sociaux, mais je ne me voyais pas faire des photos reportage d’intérieur, seul chez moi, j’avais pas de gens à photographier et mon appartement ne fait pas 200m²…

Mais je pense que chaque photographe a de quoi trouver chez lui, autour de chez lui, dans sa famille ou dans ce qu’il aime, par exemple s’il est d’habitude un photographe de rue. Je pense qu’il y a plein de chose à faire pendant un confinement tout en respectant les règles énoncées. J’ai envie de dire que cette série 1h 1km est une série que j’ai eu du mal à trouver, mais il ne faut pas hésiter à sortir de sa zone de confort. Pour ma part, j’étais dans une zone de confort qui était à l’étranger avec des villas sous le soleil. Mais d’un coup la zone de confort n’était plus là, il a fallut attendre le second confinement pour que je trouve un truc à faire.

Il n’y a pas que la prise de photo qui est possible pendant le confinement, on peut aussi se former, que ce soit sur internet, sur Youtube, il y a tellement de vidéos de qualité à voir partout. Suivez des webinaires, des tutos, reprenez votre post-prod ou des anciennes photos auxquelles vous ne pensez plus…

Si un prochain confinement est annoncé, je ne sais pas encore ce que je vais faire car on ne sait pas à quelle sauce on va être mangé. Un peu de liberté ou au contraire un confinement très strict, peu importe, si je peux faire des images alors j’essaierai de les faire.

Merci à Adrien d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et à Charles de chez Hasselblad pour la mise en relation.

Dites-nous en commentaire si vous aussi vous avez fait des séries photo ou des vidéos spéciales confinement !
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A propos de l'auteur

Thomas

Passionné par les nouvelles technologies, je partage mon temps libre entre la course à pied et la photographie. Amateur de belles images, je me promène toujours avec mon appareil photo. #teamfuji #djiaddict

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