Vous le savez si vous êtes un fervent lecteur du blog studioSPORT, nous proposons du contenu centré sur les drones. Derniers produits sortis, innovations, comparatifs, etc… Le drone est notre cœur de métier !
Aujourd’hui, on vous propose un article qui change de ce que nous rédigeons sur le blog mais où le drone reste le sujet principal. Il faut qu’on parle du film Drone réalisé par Simon Bouisson, sorti en octobre 2024. Ce film est une œuvre singulière où le drone occupe le rôle de personnage central, à la fois fascinant et troublant. Nous profitons de l’arrivée du film sur les plateformes de VOD pour vous donner notre avis.
De quoi parle le film Drone ?
Drone suit Émilie, une jeune architecte fraîchement arrivée à Paris pour suivre une formation prestigieuse dispensée par un as du domaine. Alors qu’elle prend ses marques dans la ville et auprès de ses camarades de promotion, une présence va venir hanter son quotidien : un drone se met à l’observer jour et nuit.
C’est l’histoire de base mais le film Drone va beaucoup plus loin. Au premier abord, on pourrait penser que c’est un film de science-fiction assez classique. Mais il n’en est rien. Le film aborde des thèmes profonds comme la précarité sociale, la condition des femmes dans un milieu exigeant mais également notre rapport ambigu à la technologie – on peut même parler de voyeurisme technologique.
Au fur et à mesure du film, on est assaillis de questions : Qui surveille Émilie ? Pourquoi elle ? Comment réagirions nous à une situation similaire ? Le réalisateur réussit à maintenir une tension constante sur le téléspectateur qui nous fait nous questionner sur l’image : Lorsqu’on donne son image de façon publique – qui la reçoit ?
La suite de l’article peut contenir quelques spoilers, je vous invite donc à regarder le film avant de poursuivre votre lecture.
Le drone : le personnage principal du récit ?
Détrompez vous, vous ne reconnaîtrez aucun modèle connu dans ce film. Pas de DJI ni d’autres marques, le drone du film est inconnu au bataillon. Il a un design unique jamais vu avec un petit côté drone militaire qui peut inquiéter. Pourtant, on reconnaît bien qu’il s’agit d’un drone : il a des bras et des hélices ainsi qu’une caméra. À plusieurs moments dans le film, le drone semble changer de forme, déployant de façon assez menaçante des bras cachés sous le châssis, comme s’il passait d’un mode discret à un mode furtif. Comme un antagoniste révèle son côté sombre, notre vision du drone change au fur et à mesure, le faisant passer d’allié à menace.
Le drone occupe quasiment le rôle de personnage principal. Dans certaines scènes, il semble donner la réplique à Émilie tant il a une présence à l’écran. Il observe et communique avec Émilie. Dans le dernier tiers du film, la relation entre nos deux protagonistes change du tout au tout, j’y ai reconnu une lutte comme celle que Ripley doit accomplir dans Alien. Je vois ici le drone comme la métaphore de l’emprise des puissants sur les plus vulnérables – ou de l’emprise des hommes sur les femmes ? – vous le voyez maintenant le parallèle avec Alien ? [NDLR : La saga de films Alien a été analysée en long, en large et en travers et relate sur un niveau plus profond la lutte des femmes envers les normes patriarcales]
Et c’est là où c’est très fort, c’est que le réalisateur réussit à la perfection à nous effrayer avec un drone. C’est très bien réalisé notamment par des des jeux de caméras et des POV du drone.

Un bel hommage aux pilotes de drones et au FPV
Émilie va se rapprocher d’une communauté de pilotes FPV réunis dans un grand stade désaffecté pour en savoir plus sur le drone qui la suit. C’est à partir de ce moment dans le film que je me suis rendu compte que le réalisateur avait une vraie passion pour la pratique du drone et qu’il cherchait, peut-être, à vouloir rendre hommage via cette oeuvre. Émilie arrive donc dans cette communauté de passionnés et leur pose des questions sur le drone qui la suit. Elle leur présente un dessin pour leur montrer un petit peu à quoi ressemble. Bien entendu, les personnes qui répondent à sa demande ne reconnaissent pas du tout le drone. On parle alors de drone chinois, de DGSE qui serait en train de la surveiller, etc.
Et puis il y a une phrase marquante très pertinente qui est prononcé par l’une des personnages, elle dit : « Si t’entends pas un drone, c’est qu’il est dans ta tête ». On se met à se demander si le drone existe vraiment ou si elle est pas en train de devenir folle par exemple. Le film propose de vraies émotions contraires : un instant on va croire qu’Émilie est folle et puis l’instant d’après on va se rendre compte qu’elle n’est pas la seule à voir ce drone, et qu’il existe bel et bien aux yeux de tous, mais qu’il sait se rendre discret pour que ce soit assez pernicieux.
D’ailleurs c’est dans cette scène du stade et des pilotes FPV qu’on peut apercevoir notre partenaire David de Culture FPV. C’est un vrai plaisir de voir que David a été intégré au film. Sachant que c’est une figure emblématique du monde du drone, c’est un petit clin d’œil qui, je pense, plaira à beaucoup de passionnés qui vont regarder ce film.

Le drone comme créateur d’art ?
Le film est une pure création artistique qui exploite concrètement les plans au drone. On passe de prises de vue classiques à la caméra à des plans FPV vertigineux avec de belles transitions. On y voit des dives, des figures, des passages très rapides et on reconnaît que ces images ont été tournées avec de vrais drones et pas avec des caméras qui imitent le mouvement des drones. Il y a également des passages qui se font dans des couloirs étroits, on reconnaît là le mouvement caractéristiques des drones à l’image. Il y a des plans qui m’ont vraiment marquée et que je trouve très esthétiques, notamment en début de film. Lorsqu’on découvre qu’Émilie est suivie, c’est par l’intermédiaire du drone lui-même. Ces plans sont absolument sublimes. Ils sont tournés à la nuit tombée et on voit Émilie à sa fenêtre et en surimpression le reflet de la ville et de ses lumières de la ville sur la fenêtre. Ça donne une perspective assez dingue de la ville puisque ce plan commence au niveau du sol quand le drone suit Emilie en train de courir. Il évolue ensuite graduellement vers un immeuble très haut, il tourne autour des étages et on voit les gens à l’intérieur des immeubles jusqu’à arrivée sur l’appartement d’Emilie. Cette scène d’introduction nous met tout de suite dans notre statut de téléspectateur et/ou de voyeur.
A ce titre, ce sont nos partenaires et clients qui ont participé à la réalisation des plans drones dans ce film. On retrouve sur le projet Benoit Finck (ou Fincky pour les connaisseurs), House of FPV et Skunati.
Le film montre la beauté de la ville, de ses bâtiments et de l’architecture en général – ce n’est pas pour rien que c’est la profession d’Émilie. On y découvre des bâtiments abandonnés faisant le lien avec le FPV et les fameux bandos où les pilotes aiment s’entraîner au pilotage. Le lieu choisi par Émilie pour le projet de sa formation est un lieu laissé à l’abandon. Elle fait une proposition intéressante pour le réhabiliter et lui redonner une fonction, qu’il devienne à nouveau le théâtre d’un échange social. Cet aspect du scénario appuie encore cette idée de film qui parle du social et qui dit quelque chose d’important de notre société.
Enfin, il faut parler de la prouesse technologique qu’est ce film. Le drone réalisé en VFX semble réel et présent aux côtés des acteurs sur le tournage. ⬇️ Regardez comment les animateurs VFX ont créé le drone ci-dessous ⬇️ Cela appuie à nouveau cette idée qu’il est un personnage à part entière. L’esthétique du drone liée à l’austérité des lieux abandonnés tous deux combinées aux plans aériens donnent un aspect unique à ce film.

Pourquoi Drone est un film à voir ?
Drone est une réussite sur plusieurs niveaux :
- C’est une critique sociale très intéressante sur notre rapport à la technologie ;
- C’est une bel hommage à la créativité et au milieu du drone ;
- C’est une claque visuelle qui coupe le souffle aux amoureux du cinéma.

Il va sans dire que j’ai énormément apprécié de découvrir le film Drone. Je trouve cela fort de réussir à transformer un objet technologique en réel personnage. Comme Émilie, le drone a son évolution. Lorsqu’on débute le film, on découvre Émilie – une jeune fille assez effacée qui semble traumatisée par son passé, elle semble effrayée par l’humain. On suit son parcours et ses découvertes. Lorsqu’on comprend pourquoi, on vit toute une palette d’émotions avec elle jusqu’à ce final en apothéose assez cathartique ! Il en est de même pour le drone qui tantôt va être un allié aux yeux d’Émilie, tantôt être menaçant et violent. Le drone est dénué de parole et de moyen de communication, or il arrive à le faire via la technologie (que ce soit par l’envoi de virement bancaire ou par la connexion un casque de réalité virtuelle).
Par plusieurs fois, le film pénètre domaine de l’informatique. J’ai énormément apprécié la scène de hacking se trouve vers la fin du film. Au-delà de l’aspect de challenge technologique que représente cette scène, son montage et la façon dont c’est filmé permet de dévoiler l’intrigue sous nos yeux. C’est une scène silencieuse où personne ne parle et pourtant via l’image on arrive à faire passer un maximum de messages et un maximum d’informations sur ce qu’on est en train de découvrir.
Que vous soyez passionné de drones, amateur de science-fiction ou simplement curieux, Drone est une expérience visuelle et sensorielle à ne pas manquer. Je vous invite à le regarder. Il est désormais disponible en VOD sur Canal+ et en DVD à partir du 19 février.
J’adresse un immense merci à Simon Bouisson et la société de production Haut et Court qui m’ont mis à disposition le film. Le cinéma est ma passion n°1 dans la vie alors de pouvoir allier cette passion et mon job, c’est du pain béni. J’aurais aimé faire une critique bien plus poussée de ce film, mais je me suis contenté de rester très axée sur les drones. Il y a tant à dire sur le film qui nous est proposé ici c’est une critique assez intéressante sur le statut de ceux qui regardent les images qui sont filmées mais aussi de ceux qui créent ces images pour d’autres. Il nous interroge aussi sur ce qu’on doit faire pour vivre et survivre mais aussi sur la condition des femmes dans le monde. Et puis quel plaisir de retrouver Marion Barbeau et Cédric Kahn, deux acteurs ultra-talentueux !
Faire un film comme celui-ci est une vraie prouesse car il plaira à différents profils de personnes. Je pense que la communauté drones & FPV apprécieront ce film pour ce qu’il raconte pour ce qu’il montre à travers les sublimes plans drones que l’on voit tout au long du film. Les cinéphiles comme moi apprécieront le propos du film et comment ça se déroule sous nos yeux. Je pense que c’est un film important et qui représente bien la beauté du paysage cinéma français.
et le piano dans la musique de Paul Sabin… ??
Bonjour,
Effectivement, je suis restée concise dans cet article car nous ne sommes pas un blog ciné mais la musique est sensationnelle dans ce film.